NAISSANCE DE LA DISTILLATION

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époques de la naissance de la distillation

NEOLITHIQUE (entre 6000 et 3000 ans avant J.-C.)

 

La préhistoire débute avec l’apparition de l’Homme il y a 3 millions d’années semble-t-il. Elle s'achève avec l'apparition de l’écriture en Mésopotamie, il y a 5 000 ans (soit - 3 000 avant J. -C.). Le Néolithique est la dernière période de la préhistoire. 

 

La distillation serait apparue au Néolithique il y a près de 6000 ans en Mésopotamie . Mais ,selon des historiens la technique serait venue  de la Chine ancienne. Les Chinois seraient les premiers distillateurs. Elle serait arrivée en Mésopotamie, en Egypte puis en Europe. Certains historiens affirment même que les Chinois auraient probablement utilisé l’orge et le seigle !!! Oui oui …vous savez l’orge, la fameuse céréale qui est utilisée pour faire les single malt scotch whiskies !  Il s’agissait alors de procédés très archaïques.

 

Des auteurs affirment que la distillation aurait été inventée par les Perses qui fabriquaient de l’eau et de l’huile de rose.

Sur le plan archéologique des objets en terre cuite ont été découverts par des fouilles archéologiques à Babylone, en Crète et dans la vallée de l’Indus. Les archéologues ont pu déterminer que ces objets étaient des procédés rudimentaires de distillation destinés à l’extraction des essences et des parfums. Les prêtres gardaient les recettes secrètes

(1) Alambic de Tepe Gawra (Irak)

d'après Roget J. et

Garreau Ch. 1990

 Vers 3500 avant J.-C., les Sumériens auraient été les premiers à appliquer l’évaporation puis la condensation d’un liquide pour en  extraire les huiles essentielles des herbes. Des objets tels que celui représenté sur le schéma (1) ont été considérés par certains archéologues comme étant des appareils distillatoires très rudimentaires datant de cette époque.

Ils ont été découverts sur le site de Tépé Gawra au nord de l’Irak actuelle (Mésopotamie) . 

L’un d’entre eux avait même une capacité de 37 litres avec une collerette d’une capacité de 2 litres. Le liquide à « distiller » était placé dans la cuve, était chauffé par un foyer de feu de bois placé sous la cuve . Les vapeurs se condensaient au niveau de l’ambix (chapiteau). L’écoulement des vapeurs se faisait dans la collerette qui était façonnée au niveau de la partie inférieure de l’ambix.

Cette interprétation est cependant controversée par certains auteurs . Patrick McGovern, directeur scientifique du Laboratoire d'archéologie biomoléculaire de l'Université de Pennsylvanie , spécialiste des boissons fermentées estime qu'il ne s'agit pas d'un alambic : le dessin ne serait pas conforme à l’objet selon lui. Si effectivement le dessin ne fait pas penser en premier lieu à un alambic  , le fonctionnement avec les  3 phases évaporation - condensation - récupération  peut quand même y faire penser et donc y croire… C'était vers 3500 ans avant notre ère il y a presque  6000 ans !!

ANTIQUITE (entre 3000 ans avant J.-C. et 476 Après J.-C.)

 

Des papyrus Egyptiens d’Ebers décrivent la distillation d’herbes et d’huiles essentielles en 1550 avant J.-C. pour des utilisations médicales.

En 800 avant J.-C. l’Arak était produite en Inde

En 600 avant J.-C. la ville de Massalia est créée par les grecs. Elle deviendra Marseille

En 450 avant J.-C. les Celtes venu d’Europe centrale s’installent en Gaule

Aristote, philosophe grec né en 384 av. J.-C  (Météorologiques., II, 358) mentionne qu'en évaporant l'eau de mer, on obtient de l'eau potable. Il peut donc sembler qu’il décrivait ainsi les grands principes de la distillation. Cependant, selon Forbes (1) il ne s'agissait pas de la distillation au sens actuel  qui nécessite une source de chaleur  la séparation gaz/liquide  puis une condensation.  Celle çi serait apparu qu’au début du Ier siècle  de notre ère avec les alchimistes grecs . On peut cependant dire qu’Aristote n’était pas très loin même s'il avait certainement un matériel plus rudimentaire  ( un  peu comme les sumériens ). Ne pensez vous pas que pour l'époque le terme "rudimentaire" n'était pas adapté. Peut-être qu'Aristote aurait employé le terme de " moderne".

C’est ainsi que le Grec Pedanius Dioscoride , médecin, pharmacologue et botaniste , né vers l’an 25  après J.-C   et Pline l’ancien , né en 23 après J.-C  , décrivent un dispositif très rustique ( pour nous , pas pour eux)  qui pourrait être l'ancêtre de l'alambic. Il s'agissait de l'extraction du mercure à partir du cinabre ( espèce minérale composée de sulfate de mercure ). Le mélange était chauffé dans une écuelle qui était recouverte d’une sorte de chapiteau retourné appelé « ambix » . Il indique que « distillante imite le soleil qui fait évaporer l'eau de la terre et retourne sous la pluie ».

Dioscoride décrit un appareil pour distiller qui permet d’obtenir des liquides médicinaux « avec une sorte de tête supérieure, à partir de laquelle la vapeur est entrée dans une structure de refroidissement pour la condensation… ».

Appareil à distiller de ZosimeParisinus graecus d'après M. Berthelot et C.E. Ruelle, « Collection des anciens alchimistes grecs »

 

Vers l’an 300 ou  400 de notre ère , Zosime de Panopolis, alchimiste né à Panopolis (Akhmîm)  ville du sud égyptien, est l’un des plus grands alchimistes  de l'époque.  Il aurait vécu à Alexandrie et est considéré comme étant le père de l’alambic moderne. Il aurait transformé ce que nous appelons  "les appareils de distillation de l’Antiquité" pour leur donner un aspect ressemblant étrangement à nos alambics contemporains en  forme de cornue . Il désigne le chapiteau de la cornue sous son nom grec, ambix. Les arabes transposant dans leur langue en  al-anbiq. Les manuscrits de Zosime sont illustrés de dessins d’alambic et donnent pour la première fois une description de leurs différentes parties (2). Zosime de Panopolis est l’un des auteurs ou même l’auteur qui a décrit précisément une distillerie (3).

 

C’est dans les années 432 que Saint Patrick , né en Ecosse vers 385 sous le nom de Maewyn Succat , ( cela ne s’invente pas c’est selon le site https://www.guide-irlande.com/culture/saint-patrick/ ) va apparaitre en Irlande pour évangéliser le pays.  Il faut préciser qu’il serait le fils d’un centurion romain originaire de Grande Bretagne . Saint patron de l'Irlande, il est comme le fondateur du christianisme irlandais. Selon la légende il aurait libéré l’Irlande des serpents ( certains scientifiques affirmeraient qu’il n’y aurait jamais eu de serpents en Irlande ).

 

La légende affirme aussi  que Saint Patrick aurait utilisé le trèfle pour expliquer la Sainte Trinité (le père, le fils et le saint-esprit) aux Irlandais. Mais surtout il se dit qu'il aurait introduit l’art de la distillation en Irlande après son passage en Egypte. Certains disent qu’il serait venu avec un alambic, histoire controversée rentrant donc dans la légende. En tous les cas, s’il n’est pas arrivé avec un alambic sous le bras cela ne veut pas dire qu’il n’a pas contribué au développement de l’art de la distillation en arrivant en Irlande !

En 476 C’est la chute de l’Empire Romain d’Occident et la fin de l’Antiquité

MOYEN-AGE (entre 476  et 1492)

 

Le VIIIè siècle marquera une avancée notable de la distillation. Au Moyen Orient les alchimistes utilisent la distillation pour extraire  des substances odorantes ( les esters bien connus des whisky lovers) ou de l’alcool ( bien connu aussi des whisky lovers)

 

L'alchimiste Abu Mūsā Jābir ibn Hayyān est né en 721 en Perse  . Il serait décédé vers 815  . Il avait de nombreuses cordes à son arc . Il était chimiste , alchimiste, astronome , astrologue, géographe, philosophe, physicien, pharmacien et médecin.  Il a écrit plus de 100 traités  sur des sujets variés et a travaillé en particuliers sur la distillation.  Il a reproduit des versions des alambics sur la base de sources alexandrines. Son alambic serait le premier disposant d’une cornue .Il aurait fondé le premier laboratoire de chimie arabe équipé d’alambics pour la fabrication d’alcools et de parfums médicinaux. Selon la doctrine de l’époque toutes les substances sont composées de 2 parties : un soma ( le corps) et un pneuma (partie volatile, esprit). L'opération alchimique de base consistait à séparer par le feu ces 2 parties .La distillation était l’une des deux techniques utilisées (4)

Ses écrits constituent l’une des sources principales de la connaissance de la  distillation dans les pays arabes et, plus tard en Europe. Les premiers documents détaillés  relatifs à la distillation en Europe occidentale datent de 1150 environ et son rattachés à l’école de médecine de Salerne, Italie.

 

L'alchimiste Magister Salernus ( 1151-1167)  est l'un des fondateurs de l'école de Salerne. C'est lui qui aurait donné les  premières recettes de la distillation fractionnée de l’alcool, c’est-à-dire de la séparation du mélange « ethanol-eau » du fait d’une température d’évaporation différente. A cette époque, la distillation était une activité ecclésiastique et médicale.  La technique de la distillation sera diffusée rapidement vers le nord, par la vallée du Pô, Venise, la France et l’Empire romain germanique.

 

Fin du XIIIè début le XIVè siècle, l'introduction de dispositifs de refroidissement dans les alambics va  faciliter la condensation .

 

C’est en effet vers 1280,  à Bologne, toujours en  en Italie, que serait apparu le serpentin de refroidissement qui va faciliter aux vapeurs de se condenser . Cette technique va être diffusée puis  utilisée à Montpellier par Arnaud de Villeneuve, professeur de médecine et théologien. On lui attribue le traité de médecine  « De aqua vitae simplici et composita » . Il y expose les grands principes de la médecine médiévale et prône l'utilisation de produits de la distillation en thérapeutique . Il y écrit  que « L' aqua vitae est extraite et isolée par décoction et distillation du vin ». L'eau-de-vie  est décrite comme guérissant la plupart des pathologies !! On ne connait pas encore ses effets indésirables semble-t-il.

 

A cette même période à Nuremberg, des distillateurs artisanaux fabriquent du brenewein en distillant du vin.  Certaines villes allemandes ne disposant pas de distillerie vont jusqu’à importer l’aqua vitae  d’Italie (Modène, Bologne et Venise).

 

Vers 1300, Modène devient célèbre pour son aqua vitae qui est commercialisée, bien évidemment,  pour traiter divers maladies. Ce nouveau produit  miraculeux  est même exporté jusqu’à Londres et Moscou!

 

En 1360, l’ivresse publique devenant problématique à Francfort, incitera la municipalité à adopter les tout premiers textes réglementant le métier de distillateur.

 Le docteur en théologien allemand  Hiernymus Burckhardt ( né le 30 mai 1680 à Bâle décédé  le 7 mai 1737 ) se formera à  la distillation à Modène  puis exercera l'art de distiller à Berlin .

 

1492 : découverte de l'Amérique par Christophe Colomb  et fin du Moyen Âge

 

PERIODE MODERNE ( de 1492 à 1789)

 

De quels matériaux étaient fabriqués les alambics ?  Jusqu’au début du XVIe siècle ils étaient fréquemment en verre ( très fragiles)  et en métal. Ils étaient coûteux.Meilleur marché, il existait des alambics en terre cuite ou en céramique avec une paroi interne souvent émaillée. Cependant les fabricants cherchant à améliorer leur produit ont utilisé à peu près tout : laiton, étain, bronze, cuivre, voire le plomb !  

 

En 1500, l'alchimiste allemand Hieronymus Braunschweig publie le premier Livre sur l'Art de Distillation . Le livre est divisé en trois parties: une traitant du matériel et des  différentes techniques utilisées , une  répertoriant et décrivant les plantes , les méthodes de distillation et leur utilisation en médecine, la dernière présente donnant des informations sur les herbes et de leur application en médecine.(5)

1562 – Fin de la Renaissance

 

Au début du XVIIe siècle  le cuivre est devenu plus abondant et donc moins onéreux. Rapidement on va découvrir l'intérêt du cuivre pour distiller  . Le cuivre va devenir le métal de référence pour coustruire les alambics.

 

Après 1620, l’étamage de l’intérieur de l’alambic à repasse en cuivre et du serpentin prolonge sa durée de vie

 

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les eaux-de-vie de grain n’étaient pas vieillies. On additionnait au distillat des plantes aromatiques pour produire des substances médicinales  et des breuvages divers.

En Grande-Bretagne  la locution aqua vitae(« eau-de-vie » en latin) est devenue uisce-beathaen  en celtique irlandais puis uisge-beatha ou usque-baughen en  Écosse.  

Enfin, en en 1735Uiscea été anglicisé en « whisky ».

 

1789 Révolution Française : fin des temps modernes

PERIODE CONTEMPORAINE (de 1789 à nos jours )

On peut dire que la période contemporaine ne fait plus partie de la naissance de la distillation . C'est la période de son développement qui  sera marquée par plusieurs avancées techniques de la distillation . A titre d'exemple pour en finir avec la naissance de l'alambic :

Dans les années  1823 le Dr James C. Crow (1789 à Inverness -1856)  diplômé en médecine de l’Université d’Édimbourg en 1822 et en chimie aurait mis en place le processus de la  « mash sour »  dans une distillerie de Philadelphie ( Kentucky)

En 1824 la distillerie de Port Ellen met au point le «  spirit safe »

En 1830, Aeneas Coffey améliore l'alambic à colonne 

 

A suivre : le développement des alambics et de la distillation 

REFERENCES DU TEXTE

 

QUELQUES AUTRES REFERENCES